Loverman – Love Songs

Peu de gens en France connaissent le nom de James de Graef, qui faisait partie groupe belge Shht, produisant ce qu’on pourrait étiqueter (quel vilain mot !) comme du synth rock expérimental ou comme de l’électro débridée. Mais, avec la parution de son premier album solo, sous le nom de Loverman, il y a fort à parier que ça va changer, et rapidement. Car, dès la première écoute, Love Songs impressionne sérieusement : en dépit de son thème rebattu (la souffrance de celui qui reste abandonné, et aimant toujours, lorsque l’être aimé (Daisy ?) est parti. En dépit aussi – ou à cause peut-être – du clair classicisme de la musique de Loverman, puisqu’on reconnaît ici une démarche pas si loin de celle de Leonard Cohen, y compris dans les « pas de côté », mettant à mal le « sérieux » du folk traditionnel, l’album interpelle grâce à la force, à l’intensité – et à l’indiscutable audace – des chansons proposées. Et l’imagerie spectaculaire mise en scène dans les vidéo-clips ou les photos de presse semble elle-même une sorte de jeu, visant à détourner nos regards de la sincère douleur qui irrigue le disque.
Call Me Loverman est le plus beau miracle de délicatesse sensuelle de l’album : il va directement directement de l’âme de celui qui chante, qui aime, à – en l’absence de la personne aimée : Daisy (?) qui est partie – la nôtre qui avons la chance d’écouter cette chanson. Une chanson qui démontre que la plus belle folk music est incontestablement aussi de la soul music : « I believe in you, that’s what I said / And I still do, even though you left / How we wept / … / Daisy, here I stand / Call me your Lover-lover-lover-loverman » (Je crois en toi, c’est ce que j’ai dit / Et j’y crois toujours, même si tu es partie / Comme nous avons pleuré / … / Daisy, je me tiens là / Appelle-moi ton amant-amant-amant-amant). Et la conclusion de l’album, cacophonie semblant surgie d’un passé préservée à travers un enregistrement qui semble immémoriale, rappelle que nos amants – Daisy et James ont un jour partagé de la musique, et on rit ensemble.
Et si l’on repense à tout ce qu’on a entendu avant, ce vestige d’un amour disparu mérite d’être précieusement conservé.
( Source www.benzinemag.net Eric Debarnot)
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